Un site animé par le lycée Bernard Palissy de Saint-Léonard-de-Noblat

Cette exposition virtuelle, « Nos familles dans la Grande Guerre » est le reflet – provisoire – d'un travail commencé durant l'année scolaire 2013-2014 dans le cadre du cours d'histoire des classes de première du lycée Bernard Palissy de Saint-Léonard-de-Noblat.

A l'occasion de la collecte initiée par la Mission du Centenaire, les élèves de 1ere ES ont été sollicités pour apporter leur contribution à ce projet. Mais rapidement, pour conforter leur motivation, l'idée d'une exposition de leurs recherches s'est imposée. Plusieurs autres activités conduites en classe pendant le traitement de la question « la guerre au XXe siècle » comme l'utilisation du site « Mémoire des hommes » ou celle d'une grille d'étude des monuments aux morts, ont enrichi les perspectives d'une valorisation de leur travail. L'intervention d'un professeur de l'établissement, collectionneur et historien, dans les classes, a fortement contribué aussi à susciter l'intérêt des élèves.

Des objets, des lettres, des revues, des cahiers de soldats ...ont été récoltés. par les élèves. Et la collecte a logiquement débouché sur un nécessaire travail d'histoire :

– expertise des objets collectés

– contextualisation et comparaison des documents

– transcription des écrits

– explications des documents

– tri et organisation dans un plan

« Faire de l'histoire » est ainsi devenu le fil conducteur essentiel de ce projet.

Les classes de seconde et de terminale ont également été associées à la collecte ; et le personnel éducatif a ponctuellement apporté sa contribution.

Cette exposition n'est donc pas une approche exhaustive de l'histoire de la guerre de 1914 de 14 ; Elle est le résultat du travail des élèves à la recherche de leur mémoire familiale et de leur travail d'histoire en classe.

Exposition d'élèves, pour les élèves et leurs enseignants qui trouveront ici des documents inédits.

Exposition à enrichir, au fur et à mesure des trouvailles des prochaines années .....

Que soient remerciés tout particulièrement les classes de 1er ES, Terminale ES et 2nde 2 de l'année scolaire 2013-2014 et tous les élèves, parents d'élèves et enseignants qui ont contribué ...

Publié le 4 septembre 2014

Plan de l'exposition

1. Combattre

Texte de présentation

• Préparer la guerre

– faire le service militaire

– la mobilisation

• Être au front

Contenu : texte court , armements ; Témoignages (de combattants) ; objets etc

• Vivre au front

Contenu : texte court, témoignages ,objets

• Les liens avec l'arrière

Contenu : texte court, correspondances...

• « Morts pour la France »

Contenu : texte court , parcours de soldats...

• Ceux qui reviennent

Contenu : texte court

• Être prisonnier

2. L'arrière

Texte de présentation

• Les civils impliqués

Contenu :

• Les liens avec le front

Contenu :

• Les « journées »

Contenu : assiettes des journées

• Les emprunts

Contenu :

1. COMBATTRE ►►►

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1.1. Préparer la guerre

■ Le service militaire

... « René a passé le conseil de révision aujourd'hui. Bon pour trois ans... »

Service militaire carte postale recto

Service militaire carte postale verso

Document : carte postale d'un conscrit

Au dessus de l'image bucolique du « piou-piou » de 1914 on peut effectivement lire, au verso de la carte postale : « bon pour 3 ans ». En effet, le service militaire universel instauré par la loi de 1905 prévoyait un service obligatoire de 2 ans sous les drapeaux pour tous les jeunes garçons de 20 ans (« la classe » 1891, par exemple, a 20 ans en 1911), reconnus « bon pour le service » au terme du fameux « conseil de révision » chargé d'écarter les jeunes hommes considérés comme inaptes au service des armes (pour défaut de taille : 1m56, malformations diverses etc. ). Pour pallier la faiblesse démographique de la France par rapport à l'Allemagne (véritable obsession de la majorité des militaires de l'époque) et après des débats parlementaires violents, le service fut porté à 3 ans entre 1909 et 1913. C'est l'une des nombreuses manifestations du climat de « paix armée » qui régnait alors en Europe.

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■ L'instruction théorique du soldat

Document : extrait de l'instruction théorique du soldat par lui-même, 1909

Instruction théorique 2

Dans cet extrait du chapitre 7 des « devoirs du soldat » on notera combien l'accent est mis sur « le mouvement en avant » qui « seul est décisif », « l'offensive », à la baïonnette bien entendu...C'est l'état d'esprit qui prévaut en France mais aussi dans l'ensemble des états-majors. De façon incompréhensible, on continue à privilégier le choc sur le feu (« la balle ne tue pas » colonel de Grand-Maison) comme un siècle plus tôt. C'est ne pas tenir compte des progrès prodigieux de l'ère industrielle dans tous les domaines y compris celui de l'armement (par exemple les armes à tir automatique comme les mitrailleuses à 600coups par minute). On comprend mieux, dés lors, les hécatombes de l'été 14.

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■ Le « barda »

Document : enregistrement des effets d'un soldat

Pour le « poilu » ordinaire, le « barda »(mot familier d'origine arabe issu de l'argot militaire) ne se limite pas aux quelques effets présentés sur le document ; de plus le « barda » de 1918est bien plus lourd que celui de 14 : « Fusil, vêtements de rechange, bidons, vaisselle individuelle ( dans la plupart des armées) ou collective (vaisselle d'escouade de l'armée française), couverture ,toile de tente, outils de campements de tranchée, vivres de réserve, bretelles de cuir, ceinturons et cartouchières, masques à gaz, pansements, sans parler des objets personnels les plus divers que les soldats emportent avec eux (correspondance, photographies, livres, objets de piété, médicaments, aliments reçus de l'arrière, canne etc. Tout cela charge le sac mais aussi les musettes, les poches, et il n'est pas rare que le soldat se déplace avec un chargement d'une trentaine de kilos voire davantage ».

Source : Stéphane Audoin-Rouzeau « Encyclopédie de la Grande Guerre » 2013.

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■ 1er août 1914, la mobilisation au travers du journal d'Armand

Document : La mobilisation à Limoges – 1er Août 1914.

Extrait du journal de « Armand » ... soldat non identifié, originaire de Limoges, journal tenu du 1er août 1914 à novembre 1914, peut être réécrit à partir de notes lors de son hospitalisation en novembre.

« ...Nous vivons des heures d'angoisse ; nous sommes dans un moment de surexcitation extraordinaire, à chaque instant nous nous attendons au coup fatal. La guerre sera-t-elle déchaînée ou passerons nous encore cette fois au bord du précipice sans y plonger ? Quatre heures ! Anxiété terrible, on nous annonce que les affiches de la mobilisation sont apposées, mais non, encore un peu d'espoir, c'est le maire de la ville qui prévient les commerçants de ne pas augmenter le prix des dentées ou ils seront poursuivis. Certains, peu scrupuleux, faisaient déjà la hausse. Cette fois ci c'en est fait, la mobilisation générale est déclarée, affolement général, surtout pour ceux qui doivent partir le deuxième jour... »

■ Le 2 août 1914, suite du journal du soldat Armand

Document : le 2 août à Limoges , suite du journal du soldat Armand.

2 août

Depuis cinq ou six jours on ne vivait plus que dans les cauchemars, cette fois ci la réalité s'impose, l'Allemagne a déclaré la guerre à la Russie et à la France, immédiatement des éditions spéciales de journaux nous le font connaitre

Alors que tous croyaient à un sentiment de réprobation contre la guerre à Limoges, on parlait même de révolte : tout est calme, l'opinion a été bien préparée, le parti socialiste lui-même annonce que cette guerre est bien l'œuvre de l'Allemagne, c'est elle qui la voulait. Personne ne doute de l'issue de cette guerre monstrueuse, pas un cri discordant, tous ont confiance, non pas cette confiance pétrie de suffisance, mais la fermeté de notre force armée et morale, nous ne doutons pas de notre bon droit.

L'opinion générale est que cette guerre avec les armements modernes ne peut durer plus de 3 à 4 mois....

Extrait du journal d'Armand, originaire de Limoges, tenu du 1er août 1914 au 18 novembre 1914.

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1.2. Être au feu

■ Armement : l'artillerie

En 1918, lorsque vint l'heure du bilan définitif des pertes humaines, il fallut bien constater que, contrairement à la plupart des prévisions d'avant 14, prés de 80 pour cent des morts et disparus avaient été victimes de l'artillerie (c'est-à-dire de l'ensemble des canons quels que soient leur calibre) ! 1,5 pour cent « seulement » avaient été tués par les gaz et à peine 1 pour cent par les fameuses baïonnettes. La carte postale allégorique vantant les qualités « notre 75 », clé de la victoire, est caractéristique d'un « bourrage de crane » multiforme mais aussi d'un mythe et d'une réalité. Une réalité : léger, mobile, ce canon de campagne est conçu pour soutenir les mouvements de l'infanterie. Il est capable de tirer 8 coups par minute et surtout il est le premier canon sans recul ( des freins hydrauliques évitent d'avoir à « repointer » le canon après chaque tir). Très craint des allemands, il est le meilleur de sa catégorie.

Un mythe : malgré toutes ses qualités les limites de cette arme sont tôt atteintes : sa portée maximale ne dépasse pas 1800 mètres et ne lui permet pas de rivaliser avec les énormes canons de l'artillerie lourde ennemie capable de propulser des projectiles de très gros calibre à plusieurs kilomètres voire, pour certaines pièces , à plusieurs dizaines.

Document : carte postale « notre bon génie, le 75 »

Document : L'artillerie russe en action, carte postale envoyée par le soldat Deschamp, régiment d'artillerie Algérie , depuis bordeaux le 10 octobre 1914

« Cher camarade, je suis bien heureux de t'écrire car je pense souvent à toi .Je te dirai que le métier militaire est un sale fourbi surtout où je suis malgré que je suis pas malheureux parce que je fais le fourbi du brigadier et je suis toujours exempt de corvées ... »

Document : Artillerie de montagne

Document : un obus

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■ Armement : l'aviation

Document : « un taube », objet d'artisanat

ce très intéressant objet représente un « taube » (un pigeon en allemand, un avion de reconnaissance) allemand du début de la guerre. Cette maquette est un pur produit de l'artisanat des tranchées , reconnaissable aux matériaux de récupération employés (morceaux de cuivre, de laiton, douilles de munition) et à la simplicité de sa fabrication ; c'est bien l'œuvre d'un soldat.

Il nous rappelle que l'histoire de l'aviation pendant la guerre constitue une épopée en soi : invention récente de l'avant guerre (la plupart des hommes n'en avaient jamais vus) l'avion de 1914 ne sert qu'à l'observation des mouvements de l'ennemi et au renseignement. Au cours des 52 mois du conflit, l'aviation devient une Arme à part entière avec des engins spécialisés : avions de chasse, bombardiers et des As au palmarès sanglant comme le « baron rouge » en Allemagne.

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■ La guerre de mouvement

1914 : la guerre de mouvement et « la course à la mer » racontée par le soldat « Armand »

Le ton du récit ne traduit ni peur ni enthousiasme ; le soldat (1) est à l'évidence dans le même état d'esprit que l'immense majorité de ses compagnons : un soldat qui fait son devoir.

Son départ le 8 octobre nous permet de constater qu'il a eu la chance d'échapper aux deux mois du début de la guerre qui ont vu l'échec de l'offensive Joffre , l'invasion allemande du plan Schlieffen et la contre attaque miraculeuse de la Marne en septembre . Ces deux mois de la guerre dite de mouvement ont été les plus meurtriers de l'histoire militaire française avec près de 240 000 morts (25 000 pour la seule journée du 23 aout). Engagé dans les opérations en octobre il participe à la campagne de « la course à la mer « (d'où sa présence à l'extrême nord du pays à au terme de laquelle le front se stabilise de la mer du nord à la Suisse pour quatre ans dans des tranchées dont il n'est pas encore question.

Notre témoin découvre avec admiration l'armée anglaise, à laquelle son unité semble servir d'appui et de réserve; il en admire l'organisation efficace « les imperméables » et le « bel air » de cette armée de « volontaires » ce qui est bien vu puisque l'armée Kitchener est uniquement constituée de « pals batallions « , bataillons de copains dans un pays où le service militaire obligatoire n'existe pas . « Quelle différence avec nous » dit-il avec justesse car l'uniforme de drap bleu et rouge du soldat français a une guerre de retard (le bleu horizon n'apparait qu'en 1915).

Partout il découvre les traces des destructions systématiques laissées par les allemands en retraite : « partout ils ont laissé des traces », « vols, viols ». S'il ne parle pas de meurtres de civils (plusieurs centaines de belges ont pourtant été victimes de la phobie allemande des « francs tireurs «, sortes de résistants sans uniformes, il évoque longuement « la cohorte lamentable des gens du pays » fuyant la zone des combats en catastrophe.

La guerre à proprement parler, les combats, il la découvre d'abord par le bruit du canon, avant de distinguer « le sifflement des balles » et de se trouver au milieu des obus qui « éclatent à 100 mètres derrière nous » .Notre homme est alors plongé dans la guerre moderne, nouvelle et à peu près totalement imprévue dans sa forme et sa durée, au cours de laquelle l'artillerie fera 80 % des millions de soldats morts. Pluie meurtrière contre laquelle, tel son ami Tharaud il n'y a qu'à « s'accroupir et ne pas se montrer ».

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(1) Le soldat Armand, de Limoges , commence son journal le 1er aout en rendant compte de la mobilisation à Limoges puis part au front le 8 octobre 1914 : il participe d'abord à la guerre de mouvement jusqu'en Belgique ; il envoie régulièrement du courrier à son épouse ( retrouvé dans le journal ) . Blessé le 13 novembre , il est évacué et remet au propre ses souvenirs récents ( guerre des tranchées) .Le journal s'arrête le 8 novembre : Armand a-t-il considéré que « sa » guerre était terminée ? a-t-il été trop affecté par cette journée du 13 novembre où il a vu mourir son copain Tharaud , de Limoges également ? ou bien ses propres blessures – qu'il décrit peu étaient -elles trop graves ?

Le journal du soldat que nous ne pouvons qu'appeler « Armand « a été découvert dans un vide grenier , à Limoges , en 2014

Courrier d'Armand

Document 1

Document 2

Document 3

Document 4

Transcription du courrier d'Armand

Le 18 novembre 1914

A ma chère et tendre épouse, hommage de celui qui n'a de pensée que pour elle et ses chers enfants. Relation exacte de ce que j'ai vu depuis mon départ.

8 octobre : cette fois ci c'est officiel, départ à 1 h, rassemblement du régiment. Présentation du drapeau, allocution du colonel, courte mais explicite, nous allons au front où c'est toujours l'inconnu.

9 octobre Départ des Loges où la compagnie s'était rassemblée et enfin en route pour la gare de s M matelots à Versailles. Vers minuit le train s'ébranle direction Cherbourg où nous arrivons sans encombre à 5h45 du soir. Nous logeons à la caserne des pompiers. On nous laisse quartier libre, j'en profite pour aller me restaurer et visiter un peu le port mais la nuit nous oblige à rentrer

10 octobre : embarquement

11 octobre ; nous débarquons à Dunkerque, un transbordeur vient nous chercher pour accoster comme le débarquement était très long avec des camarades nous avons grimpé une échelle de fer, quoique abrupte, nous y sommes arrivés bien avant les autres.

Nous comptions bien rester à Dunkerque pour admirer la plage que nous avions aperçue en passant mais il faut partir et nous voici dans Malo les bains où nous logeons chez l'habitant . La ville est gentille avec ses maisons en brique, ses villas à colonnettes, sa plage superbe.

Nous allons voir le camp anglais qui m'intéresse vivement, ils sont vraiment bien installés, leurs cuisines, leurs tentes sont bien organisées, nous ferions bien de prendre exemple sur eux pour leurs procédés. Les habitants de Malo nous ont reçu cordialement, ils ont mis à notre disposition des lits et même beaucoup ont offert le couvert .Moi même je suis tombé chez des gens très gentils, nous y avons fait un bon souper, arrosé d'une bonne bouteille .....

12 octobre A 8 h rassemblement, nous prenons le train à Dunkerque ... c'est le fameux inconnu, où nous arrêtera t-il ? A peine partis nous croisons un train de prisonniers allemands. Nous passons Berque, Cassel Hazebrouck. Nous croyons que c'est le terme de notre voyage mais après 2 heures d'attente on repart. Voici Caestre, tout le monde descend. Nous pouvons voir un échantillon du passage des Uhlans, ils ont coupé tous les fils télégraphiques et téléphonique, la gare est saccagée, malgré cela pas trop de mal, les maisons n'ont pas trop souffert.

À peine quittons nous la gare que nous entendons le canon. On nous fait placer le long des fossés et par petits groupes nous avançons ; bientôt nous pouvons voir la poudre et la fumée des obus. Nus sommes bien sur la ligne de feu. Malgré cela nous revenons sans avoir tiré un coup de fusil, la bataille a pris fin, nous revenons en arrière pendant que les anglais poursuivent l'ennemi et allons coucher dans notre cantonnement

13 octobre : réveil en vitesse vers 5 h, nous allons vers Saint Sylvestre où nous faisons le café, le canon tonne, la bataille est commencée nous rencontrons des convois d'anglais, dont un blessé, nous y remarquons les hylanders avec leur jupon court. Il est probable que nous tournons le dos au combat car le bruit s'éloigne à mesure que nous marchons

Nous traversons un village, les maisons ont reçu des obus et plusieurs sont à moitié détruites, partout où les allemands sont passés ils ont laissé des traces

Suite.

Bientôt à midi précise les mitrailleuses ont commencé leur concert avec l'artillerie et l'infanterie, le combat est acharné sous une pluie diluvienne nous sommes en attente stoïquement ; nous nous trempons jusqu'aux os, on nous a fait placer derrière un buisson en réserve des anglais. La bataille se déroule vers le mont Cats d'où les anglais ont délogé les boches, ceux-ci reculent et la journée se termine à l'avantage de nos alliés.

A la nuit on loge à.Wesveste, octroi de France, les allemands n'y ont pas fait trop de dégâts matériels mais ils prennent tout et au monastère des baptistes qui est élevé sur le mont Cats, ce qu'ils n'ont pas pu emporter ils l'ont piétiné, les bouteilles brisées, 200 kg de beurre hors service etc.

14 octobre : au réveil on nous apprend que les allemands ont reculé de 11 km : dans une charge à baïonnette les Anglais leur ont mis 800 hommes hors de combat.

Nous partons et bientôt le son du canon nous accompagne , nous prenons des formations de combat ; lorsqu'on nous dit de faire le café naturellement on s'empresse de poser sac à terre et de préparer ce breuvage insipide qu'on appelle jus ...... voilà cinq jours que nous ne prenons que des repas froids aussi faisons nous une consommation plutôt grande d'alcool , lequel est d'ailleurs bon marché et de qualité inférieure.

Et le tabac ? C'est le vrai paradis des fumeurs, la fraude bat son plein

En avant, nous voilà repartis en colonnes par quatre ... c'est une marche sans danger, souvent nous sommes arrêtés par la cavalerie et l'artillerie anglaise.

Suite

Fort bel air, quelle différence avec nous. Il est vrai que ce sont tous des volontaires ; ils ont des imperméables que nous envions sous l'averse qui tombe sans discontinuer.

Nous finissons par arriver à la frontière belge laquelle n'est marquée que par un piquet ...il faut qu'un homme du pays me le dise pour que je le sache .....Certains habitants parlent très bien le français par contre d'autres ne comprennent que le flamand. Nous cantonnons à Renneghelst où les allemands ont tout pillé, partout on ne parle que de vols et de viols, c'est affreux. Les anglais les ont délogés proprement, ils les poursuivent vigoureusement ...

15 octobre nous partons aux avants postes, toujours le canon et la fusillade, les allemands reculent encore

Au moment de la soupe nous avons eu une alerte, un taube a traversé nos lignes, nous lui avons envoyé quelques balles mais n'avons pu l'arrêter il était vraiment trop en hauteur. Nous sommes placés de suite derrière la ligne de combat et avons pour mission d'éviter le retour des patrouilles ennemies ...

Au milieu de la nuit j'ai pris 2 heures de garde avec Tharaud, il régnait un brouillard intense, on ne voyait rien, seul l'oreille pouvait servir.

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■ Les tranchées

Ce n'est pas par hasard si « Grande guerre » , « 1ére guerre mondiale », « guerre des tranchées » sont pratiquement synonymes dans la mémoire collective

Les tranchées ne constituent pas une nouveauté absolue dans l'art de la guerre : elles étaient connues depuis l'antiquité pour la guerre de siège ; c'est l'extension sur des centaines de kilomètres de ce « modus operandi » érigé en système qui en fait l'originalité. Les tranchées sont filles de l'improvisation qui , contre toutes les prévisions, conduisit les soldats à s'enterrer, dés l'automne 14 ,après l'échec de la guerre de mouvement. Au début il n'y a que des trous de protection individuels, les « trous de renard », que l'on finit par relier pour aboutir aux premières tranchées ; l'impasse tactique qu'elles matérialisent va durer 4 ans. Elles sont la concrétisation de la supériorité de la défense sur l'attaque durant cette période.

Le paysage de ces espaces est bien connu : entre les deux premières lignes s'étend un « no man's land » garni de barbelés et étroitement surveillé. Derrière la première ligne sont creusées d'autres tranchées (de repli, de repos et premiers soins etc..) reliées entre elles par des boyaux étroits et jamais rectilignes pour limiter les effets dévastateurs des obus. Des abris, plus ou moins élaborés, ponctuent ces couloirs de terre.

La vie y est toujours pénible et souvent épouvantable : à la peur de la mort, à l'ennui et au cafard, s'ajoutent toutes les souffrances inhérentes à ce lieu de vie. Les intempéries, la saleté, la vermine , la fatigue accablent les hommes. transporter, se déplacer devient aléatoire ou ne se fait qu'aux prix des plus douloureux efforts. Le désespoir mène certains à l'automutilation ou au suicide. Les cas de fraternisation sont très rares (Noël 14) ; en revanche, de nombreux cas de trêves, d'accords tacites, pour l'accès à un point d'eau unique par exemple, sont avérés.

Contre toute évidence, l'obsession de la percée continua à hanter les états-majors. Dans ce but furent élaborées des préparations d'artillerie d'une violence inouïe (un million de tonnes d'obus pour le premier jour de l'attaque allemande à Verdun)destinées à désorganiser et à affaiblir la défense adverse, puis des « barrages roulants », rideaux de feu d'artillerie avançant en principe au rythme des attaques d' infanterie qu'elles précèdent et sont censées protéger. Jamais l'une de ces tentatives gigantesques par les effectifs employés et leur durée de plusieurs mois (Verdun, La Somme, Le Chemin des Dames, par exemple ) n'aboutit au moindre résultat notable en dehors des centaines de milliers de morts qu'elles provoquèrent à chaque fois.

Pour la « génération du feu » l'univers des tranchées fut un enfer ou tous les seuils de violence furent pulvérisés.

Document 1 : carte postale, « Image pour mon fils Elie souvenir des tranchées . Voilà comme sont nos tranchées. Les boches sont derrière à dix, quinze, vingt, cinquante, cent mètres, cela dépend des endroits »

Document 2

Document 3 : un soldat dans une tranchée allemande

Photographie envoyée par un soldat français, Elie Parisien ( comment s'est -il procuré la photographie ?)

Le commentaire au recto de la carte : « regarde ce sale boche »

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■ La guerre de tranchées

Témoignage du soldat Armand du 17 novembre 1914

Armand est alors à l'hôpital et écrit le récit des journées de novembre à sa femme.

Document 1

Document 2

Document 3

Transcription des trois documents

Saint Lo, le 17 novembre 1914, hôpital complémentaire n 36, à Agneaux, près Saint Malo, Manche

Chère petite adorée

Quelle surprise et peut être quel effroi n'ont pas du te saisir lorsque tu as reçu mes cartes et ma lettre depuis mon départ de Belgique, ton imagination a certainement (..) se forger des chimères, rassure toi ....je n'ai rien .Voici en détail ce qui s'est produit (...)

Parti de Trou salé notre voyage s'est fort bien accompli jusqu'en Belgique mais à peine arrivés nous avons eu affaire aux allemands, tous les jours les obus pleuvaient sur nos têtes, quoique cela nous étions bien abrités dans nos tranchée set je t'affirme que je n'ai jamais eu de crainte, la preuve c'est que je t'écrivais tous les jours.

Certainement la canonnade n'était pas toujours aussi intense e...sache seulement pour aujourd'hui l'emploi de ma journée du 13 qui m'a valu l'évacuation. Dès le matin au petit jour les allemands envoyaient leurs obus, surtout les fusants c'est-à-dire ceux qui éclatent en l'air, on ne les craint guère c'est fort rare quand ils produisent de l'effet ; malgré tout par prudence on se tenait terrés dans les tranchée s, le moment de la soupe s'était bien passé, il faut te dire que nous sommes toujours en 3eme ligne. Mais voilà que vers midi ils nous envoient ce que nous appelons les marmites c'est ceux qui n'éclatent que lorsque ils ont trouvé ou pénétré un objet dur, là on ne riait plus , le temps passait quand même ainsi que les obus au dessus de nous et allaient éclater plus loin , lorsque vers 3 heures ils ont repéré nos tranchées alors ça ne discontinuait pas , à droite , çà gauche partout , enfin un obus a fini par éclater juste au milieu de nous , notre abri a sauté comme un fétu de paille . Sur le moment nous nous sommes sauvés mais voyant que je n'avais rien et ne trouvant pas les autres j'ai envoyé le caporal de la 14eme pour se rendre compte .....

Tout à l'heure le major m'a visité et n'a rien trouvé aussi je ne sais comment cela va s'arranger, en tout cas je serai certainement envoyé à Limoges .

Suite et fin de la triste aventure du soldat Armand

Armand raconte la journée du 13 novembre où son copain Tharaud a perdu la vie et où lui même a été blessé.

Document 1

Document 2

Document 3

Document 4

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■ De curieux appareils de mesure....

Nous ne sommes pas parvenus à déterminer la fonction de ces 2 curieux objets ; on voit bien qu'ils ont un rapport avec la balistique (graduation de hauteur, de pente...) mais pas au-delà.

Ce qui est certain c'est que ce ne sont pas des objets de service, fournis par l'armée. on ne pouvait se les procurer qu'à titre personnel sur le marché civil. Ce sont en quelque sorte des « gadgets »( l'un d'eux sert aussi de loupe, de coupe-papier...) qui n'avaient d'intérêt que de rassurer leur propriétaire à peu de frais.

Document : une liseuse topo-curvimètre

Document : un télémètre instantané

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1.3. Vivre au front

■ Les permissions

Au début d'une guerre que presque tous imaginaient « courte, fraiche et joyeuse »,les permissions (entendons par ce terme le droit de quitter pendant quelques jours ses obligations militaires) n'existaient pas ; elles étaient exclues en temps de guerre. Il n'y en eut donc pas jusqu'au printemps 1915.Mais la guerre durait et l'absence de permission, l'éloignement sans fin de la famille devenaient intolérables. Le 30-6-1915 le général Joffre accorda 8 jours par an , à tour de rôle, aux soldats ; mais le système marchait très mal générant un sentiment d'injustice (seuls 9 pour cent des hommes en avaient profité en 1916) qui s'exprimait dans les lettres et dans la presse pourtant censurée. Cette question devint un débat politique(et la dénatalité, ce mal français ? la séparation prolongée des hommes et des femmes n'allait surement pas le régler...) et fin 16 les permissions réglementaires furent portées à 1 semaine 3 fois par an. Mais là encore les distributions restèrent aléatoires et fluctuantes selon les besoins (pas de permission pendant la bataille de Verdun et la catastrophique offensive Nivelle du printemps 17). Ces dysfonctionnements ne sont pas pour rien dans les mouvements de protestations qui parcoururent de nombreux régiments au cours des mois suivants. Les soldats français se considéraient comme des soldats-citoyens pour lesquels la permission était un droit civique. C'est- ce que comprit bien le général Pétain appelé pour régler la crise : Il humanisa quelque peu la condition du soldat en donnant une réelle efficacité au système de roulement des permissions, en les portant à 10 jours 3 fois par an avec affichage des listes de noms tous les 15 jours. cet horizon court de l'espoir devint un ressort essentiel du moral des hommes, un enjeu symbolique de première importance .

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■ Photographie des camarades d'une section

Document : carte postale du 16 avril 1918

Cet excellent et émouvant cliché réalisé par l'auteur du texte attire notre attention sur deux points sans relations entre eux :

dés cet époque, de nombreux soldats sont équipés d'appareils photo individuels et portatifs (à ajouter au « barda »...) comme par exemple le « vest pocket kodak »avec lesquels ils produisent des images qui constituent aujourd'hui une manne pour les historiens auxquels ils fournissent des documents autrement crédibles que les photos officielles.

On apprend par la plume de l'auteur qu'il s'agit de ses camarades de section (comme sur la photo, la section était formée d'une quarantaine d'hommes commandés par un lieutenant et plusieurs sous-officiers- sergents, caporaux-. 3 ou 4 sections formaient une compagnie, sous les ordres d'un capitaine, plusieurs compagnies un bataillon d'environ 7 à 800 hommes dirigés par un commandant et plusieurs bataillons constituaient un régiment avec un colonel à sa tête ; le système régimentaire était la base de l'organisation militaire). On est affligé, devant les visages jeunes et souriants de ces hommes « qui sont maintenant pour la plupart disparus » en trois mois ! Le temps qu'il a fallu au photographe « avant qu'il ne me l'envoie » note l'auteur , non sans humeur. Mais la guerre continue et « la compagnie a reçu du renfort et est presque reformée »...

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1.4. Liens

■ Carte de bonne année

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■ Courrier aux enfants

Document : courrier d'un père à ses enfants envoyé le 6 juillet 1915.

Document : carte pour le petit Jeannot envoyée le 11 mai 1917.

Document : « la Ferme aux Bébés.

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■ Courrier aux femmes

Document : carte envoyée à Louise depuis Cherbourg, le 10 octobre 1914.

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■ Courrier aux parents

Document : carte envoyée à une maman.

Document : carte envoyée à de la famille depuis Paris, le 3 mars 1915.

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■ Courrier à un camarade

Document : Carte envoyée à un camarade le 16 mai 1915.

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■ Courrier d'un parrain

Document : courrier pour le petit Jean envoyé le 18 mai 1916.

Document : carte d'un parrain envoyée le jour de la victoire, le 11 novembre 1918.

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1.5. Ceux qui reviennent

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Un ancien combattant : Michel Defaye né en 1885

Document : Citation à l'ordre de l'Infanterie Divisionnaire du Maréchal des Logis Defaye Michel Léonard, du 5ème Régiment de Cuirassiers à pied.

Document : Carte du combattant délivrée à Defaye Michel Léonard.

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■ Un ancien combattant : Elie Parisien né en 1883

Document : Ordre d'appel sous les drapeaux, fait à Mostaganem (département d'Oran en Algérie) le 30 juin 1903.

Document : Fascicule de mobilisation

Document : Certificat de bonne conduite délivré à Elie Parisien, zouave de 1ère classe du 3e Régiment de Zouaves, fait à Constantine, le 15 août 1905.

Document : carte postale envoyée par Elie Parisien à sa femme Françoise, depuis Aire-sur-l'Adour, le 14 octobre 1915.

Document : photocarte depuis le front expédiée par Elie Parisien à son père , le 2 avril (année non indiquée).

Document : Cérémonie de remise de la médaille militaire du 23 décembre 1915.

Document : Autorisation du port de la médaille de la Victoire accordée à Elie Parisien.

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■ Un ancien combattant : Pierre Toucanne né en 1885

Document : portrait de Pierre Toucanne en tenue militaire

Document : Médaille militaire délivrée à Pierre Toucanne

Document : diplôme de la croix du combattant décerné à Monsieur Toucanne Pierre, soldat au 18e Régiment de chasseurs à pied.

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1.6. Morts pour la France

■ Léonard Demars tué à l'ennemi le 23 décembre 1914

Document : fiche de Mort pour la France du site Mémoire des hommes.

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■ Léonard Ringaud tué à l'ennemi le 22 avril 1915

Léonard Ringaud, canonnier conducteur, 52e régiment d'artillerie, 47e batterie

Journal de marches et d'opérations du 7 août 14 au 31 décembre 16 http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/e005279e577845c6/5279e577c6afc

Document : fiche de Mort pour la France du site Mémoire des hommes

Document : lettre de condoléances adressée par le Capitaine Poitevine à la veuve de Léonard Ringaud, le 1er mai 1915.

Document : citation à l'ordre du Corps d'Armée du canonnier Léonard Ringaud, fait au Q.G. le 15 mai 1915.

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■ Henri Parisien disparu le 6 octobre 1915

Document : Correspondance adressée au journal La Recherche des disparus.

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1.7. Être prisonnier

■ Les prisonniers

Les prisonniers sont « les oubliés de la Grande Guerre » (Annette Becker). Et pourtant 8 millions d'hommes, dont 500 mille Français en Allemagne (parmi lesquels le lieutenant De Gaulle qui vécut douloureusement cette expérience et essaya vainement de s'évader à plusieurs reprises) connurent ce sort .Ce chiffre énorme était tout simplement inimaginable jusque là ; inimaginable aussi, la durée réelle d'un internement ferme qui dura 5 ans pour certains. Ces « camps de représailles », par leur extension et la durée de l'emprisonnement, constituent une autre des nouveautés radicales de la guerre de 14-18.

Mais les changements par rapport aux guerres du passé ne s'arrêtent pas là : malgré l'action de la Croix Rouge et des pays neutres on observa de multiples violations des conventions d'avant-guerre et du droit international comme le travail forcé, notamment en zone dangereuse. Ce qui s'opère c'est le changement de statut du prisonnier au 20ème siècle dans un processus de « gestion économique des hommes » initié en Allemagne en particulier à partir de 1916 lorsque la pénurie se fit durement sentir. La totalisation de la guerre industrielle est enclenchée : le prisonnier est de moins en moins un homme et de plus en plus un outil au service de l'économie de guerre du pays qui le détient.(voir un chef-d'œuvre de Jean Renoir : « La grande illusion »).

Documents : divers petits objets fabriqués au camp d'Erfurt, une tasse, une plaque de bois gravée

Sur l'extérieur :

– captivité Allemagne Ohrdruf

– à travers la mitraille

– Bataille Bertrix 22 août 1914( ou « à travers la mitraille Bertrix « ? )

– J'ai ( une fleur ) a ma famille ( la fleur est une pensée)

– Sur le fond de la tasse : initiales C et H ( entourées de deux gerbes de blé )

– Sur l'anse : Cancalon ( est ce le surnom de l'utilisateur ?)

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2. ARRIÈRE ►►►

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■ La guerre vue de Rouen

Documents : Rouen pendant la guerre série d'estampes en 1916.

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3. SE SOUVENIR ►►►

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■ Artisanat des tranchées

Document : une petite boite en aluminium , datée de 1916 , destinée à A.P ( Anna Pelaudeix, l'épouse du soldat )

Document : petite boite en os ( boite à bijoux ? ) et bague

Document : un porte-plume

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4. FAIRE DE L'HISTOIRE

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■ Étudier un document écrit

Les documents qui vous sont distribués sont tous d'authentiques documents historiques.

Trois types d'écrits sont à votre disposition :

– des courriers envoyés vers le front par les familles pendant la guerre de 14 et ramenés à leur retour par les soldats.

– des courriers envoyés par les soldats à l'arrière.

– Des extraits de journaux tenus par des soldats.

Pour chaque document – que vous devez traiter avec soin ! – :

1- Rechercher les preuves de l'authenticité du document

2 – Pour un courrier, relever la date et le lieu de l'envoi, le nom de l'expéditeur, le nom du destinataire ; pour un extrait de journal : a-t-on des informations sur le lieu, l'endroit où il a été écrit. A-t-on des indices qui montrent que les souvenirs ont été écrits postérieurement aux évènements relatés ?

2- Procédez à une transcription du texte. Laissez des blancs lorsque vous ne pouvez pas déchiffrer le texte.

4-Procédez à une deuxième transcription en respectant l'orthographe, en essayant de deviner ce qui n'est pas lisible.

5-Ecrire quelques phrases de commentaire : que m'apprend ce document ? (image et écrit) ; donnez un tire explicite à votre document.

6- Faites éventuellement des recherches complémentaires :

• par exemple sur le lieu où se trouvait le soldat et ce qui s'est déroulé dans ce lieu

• peut-on savoir si le soldat est revenu de la guerre ? (voir le site « mémoire des hommes »)

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■ Étudier un objet

• On ne peut généralement pas répondre à toutes les questions ci-dessous mais toutes doivent être posées afin de recueillir toutes les indications possibles sur l'objet.

• Pensez à prendre des photographies de l'objet sous tous ses angles.

• Établir une fiche de l'objet en ne retenant que les informations dont vous êtes sûrs.

1-L'identification

• Quel type d'objet ?

• Nombre de parties (si l'objet est cassé ou démonté)

• Le propriétaire et la provenance de l'objet

• L'histoire de l'objet : quelles informations avez-vous sur son histoire

• Auteur éventuellement identifiable

• Date et lieu de réalisation

• Type d'utilisation (utilisation d'origine, utilisation détournée)

• Destination et destinataire

2 -Description

• Matière(s)

• Technique(s)

• Support

• Mesures (présenter sur les photographies un objet courant aux dimensions identifiables ou, mieux encore, une règle lorsque vous photographiez l'objet)

• Inscriptions et marques (type : dédicace, épitaphe, signature etc.) et transcription

• Description libre

• État ( bon, moyen, usé, déformé », utilisé etc.

3-Analyse : que nous apprend cet objet , pourquoi est il une source pour l'histoire ?

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■ Étudier une carte postale

1 Présenter l'image

– l'auteur (difficile à déterminer dans le cas d'une carte postale !), la date d'exécution, la provenance

– le sujet de l'image

– à qui l'image était elle destinée ? Par qui a-t-elle été vue ? Que se passait-il à ce moment là ?

2 Décrire l'image

– décrire de manière détaillée ce qui est représenté (texte et image)

3 Interpréter l'image

– décoder le langage symbolique

– Que voulait montrer l'auteur (ou celui qui a envoyé la carte postale)

– comment comprendre l'image aujourd'hui ?

– Peut-on faire un lien entre l'image et le contexte historique de sa date d'exécution ?

– Peut-on faire un lien entre l'image que l'expéditeur a choisi et ce qui est écrit

Pour le contenu du texte écrit au recto, se reporter à la fiche « étudier un document écrit »

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■ Étudier un monument aux morts

1 Une description figurée

Trouver un plan de la commune, se rendre au monument aux morts avec papier, stylo, appareil photo...

On commencera par une localisation précise sur le plan de la commune puis une description figurée par une ou plusieurs photographies sur lesquelles on pourra noter avec des flèches ce qui est représenté et ce qui est inscrit.

2 Une description rédigée : on observera successivement

-L'espace choisi pour le monument

• Dans quel lieu a été installé le monument aux morts ? Est il au centre, à l'écart de la ville / du village ?

• Est- il proche d'un bâtiment important ou symbolique (école, mairie, église, cimetière) ? Cette situation peut elle avoir une signification ?

• Le site a-t-il une particularité géographique ? (hauteur, cours d'eau, point de vue...) ? Précisez son emplacement ; celui-ci peut il avoir une signification ?

• L'espace du monument est-il délimité ?comment ? Pour quelle raison ?

– le monument :

• Quelle est la forme adoptée ? plaque, stèle nue, stèle sculptée ?

• Quelles méthodes ont été utilisées ? Quelles techniques de travail ? Quels matériaux ?

• Quelles représentations figurées peut on observer ?

• S'il s'agit d'un soldat ou d'un groupe de soldats : un soldat : position, attitude, expression, équipement, action.

• Autres personnages : femme, enfant ...quelles positions, quelles expressions ? Que signifie ce choix ?

• Y a-t-il des animaux, des objets ?

• Des symboles sont-ils représentés ? (feuille de laurier, palme, coq etc.)

• Y a t-il une formule d'hommage ; laquelle ?

• Quelles sont les dates de conflit portées sur le monument ?

• La liste des noms : quel type de classement a été choisi ? quelles sont les mentions données ? quel nombre ? peut- on remarquer des répétitions ? Y a t-il des années où les noms sont plus nombreux ?

• Autres inscriptions éventuelles ?

• L'artiste qui a réalisé le monument est il identifiable ?

• Peut- on connaître la date de la réalisation ?

• Le monument a-t-il été utilisé pour d'autres conflits ? Lesquels? Combien de noms sont-ils répertoriés ?

3 Autres renseignements (à rechercher éventuellement dans les archives de la mairie)

• Qui a décidé la construction du monument ?

• Qui l'a payé ? Y a t-il eu une souscription ?

• quand a t-il été inauguré ?

• Combien ce monument a t-il coûté ?

• Combien la commune comptait-elle d'habitants en 1911(dernier recensement avant guerre) ; calculer la proportion des victimes par rapport si possible à la population active de la commune

4 Une interprétation

• A l'aide de vos observations, rédigez un texte sur ce monument : quelle est l'impression générale que donne le monument ? Comment peut-on le qualifier ? (imposant, sobre, sobre, patriotique, émouvant, pacifiste etc.

• A quel type peut-on rattacher ce monument ? civique, funéraire, patriotique, pacifiste ? Lire pour cela le texte introductif sur les monuments aux morts

• Quel message la commune a-t-elle voulu transmettre ?

• le monument a t-il une fonction uniquement mémorielle ? Peut-on le considérer aussi comme une œuvre d'art ?